Le Chêne de St Jean
Le Chêne huit fois centenaire de Saint-Jean-aux-Bois, un arbre mathusalémien, tout chenu : un grand vieillard, certes, mais quelle allure encore ! 

En dépit des atteintes de son très grand âge. Il m’abrite, me protège et recueille toutes mes pensées sous sa ramure bienveillante en souvenir du petit capricorne, amoureux tellement des sylves et des étangs, en souvenir, aussi d’autres de mes amis bien trop tôt disparus, moisson sanglante de la mort rouge : Patrick, Simon, Gilles, François-Xavier, Yves, Guy, Francis, Jean-François, Scott, Pat (another one) Gilles, Frank (another one). 

Culte rendu, mais ce fut si souvent, aux arbres. Je touche le vieux tronc qui parle de tous les âges du monde et les images crépitent : c’est par salves et comme les rushes de l’existence. 

Les moines de l'abbaye de Saint-Jean l'auraient planté sous le règne de Saint-Louis. Ses branches sont longtemps coupées "en têtard" et formaient ce qu’on appelle des trognes et fournissaient du bois de chauffage. Du haut de ses 25 mètres, ce chêne sessile aurait eu fière allure, sans nul doute, au milieu de la forêt en marche de Macbeth tout autant qu’aux côtés des vieux arbres - évocation féérique des forêts primaires - qui se révoltent dans l’une des scènes - un des morceaux de bravoure du film - du Seigneur des Anneaux. Avec plus de huit mètres de circonférence et un diamètre de deux mètres quarante cinq, on le tient pour le plus vieux chêne de la forêt de Compiègne et du département de l'Oise, et peut-être même le plus vieil arbre forestier de France. 

On comprend sans peine qu’il fasse l’objet de toutes les attentions de l’ONF. Il aurait environ huit cents ans et sa longévité exceptionnelle tient sans doute au fait qu’il a été planté de mains d’hommes - à savoir les moines de l’abbaye de ce petit bourg monastique et forestier magnifique connu un temps sous le nom de Solitude, ce qui ne dit long sur la sauvagerie ancienne de la forêt. 

Est-ce le Celte qui parle en moi ? Ce qui explique cette passion que j’ai eue pour le Morvan, ce si vieux pays de la France où j’ai souvent éprouvé une sensation de connivence née de longtemps. Au moment du crépuscule, au milieu du massif forestier qui couvre la colline du Mont-Beuvray, on était souvent pris d’une inquiétude légitime : un monde, oui, ce monde des très vieux hêtres piéchés qui marquent les chemins qui mènent au site de Bibracte où Vercingétorix tentera l’alliance des tribus gauloises avant d’être vaincu par César et trainé en triomphe derrière son char à Rome.

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